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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 14:52

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Il était 18h00 quand nous avons dû nous arrêter devant le checkpoint. 3 militaires dangereusement armés nous ont encerclé et nous ont posé une multitude de questions, sauf qu'ils ne parlaient qu'Arabe. Ils appelèrent donc un de leur responsable et 10 mins après 3 Hummers arrivèrent et débarquèrent une quinzaine de nouveaux militaires des forces spéciales, dont un lieutenant responsable du groupe et qui parlait Anglais. Ça sentait plutôt mauvais tout ça, mais nous le prenions bien et restions bien sages.

Un petit interrogatoire commença, nous leur expliquâmes que nous nous étions trompés de route. Le lieutenant nous annonça que plus loin c'était la guerre et que c'était trop dangereux pour des étrangers, pas de problème pour nous, nous ne voulions pas d'ennuis et encore moins risquer notre vie, donc nous écoutâmes attentivement la nouvelle route qu'il nous proposait. Ses hommes contrôlèrent quand même notre appareil photo, notre pc et le GPS, puis l'ambiance se détendit et, très curieux, ils nous posèrent pleins de questions sur la France et sur notre voyage, de notre coté nous étions très intéressés par leurs équipements et par leur vie qui était à l'opposé de la nôtre.

Après ce checking de routine si l'on peut dire, nos nouveaux compagnons décidèrent de nous ramener vers le Kurdistan en convoi et l'un d'entre eux nous accompagna dans la voiture. Notre petite 205 se retrouvait donc entourée de deux Hummers armés de tourelles, un peu comme dans un film des Charlots A notre départ ceux-ci avaient même rigolé en intimant l'ordre à Alexis de mettre sa ceinture de sécurité, tout allait très bien, ça serait une bonne expérience à raconter, mais nous ne nous doutions pas à ce moment là de ce qui allait arriver par la suite.

Dans la voiture, Abbas le militaire qui nous accompagnait était en train de nous donner son numéro de téléphone pour que l'on puisse l'appeler si nous avions un problème au Kurdistan lorsqu'il reçu un message radio et nous affirma que nous devions nous arrêter et qu'il fallait mieux qu'il déchire le papier en attendant car la situation avait changé. Encadrés par les deux Hummers nous fîmes demi tour et retournâmes vers le checkpoint. On nous demanda de descendre du véhicule, de bien fermer toutes les portes et de les rejoindre dans un box pour attendre les nouveaux ordres. Omar le lieutenant responsable de l'équipe resta avec nous et nous entamâmes une grande conversation sur l'Irak en attendant les ordres de ses supérieurs.

Nous avons découvert beaucoup de choses que les médias en Europe ne relatent pas. Il y a par exemple des attentats en permanence à Mossoul qui font certains mois 500 victimes, dernièrement une bombe a explosé dans une mosquée. Les premières victimes sont les militaires irakiens et les civils. Notre interlocuteur avait par exemple déjà été blessé deux fois, dont une fois au visage par un éclat de grenade. Les Irakiens trouvent triste que seules les victimes américaines soient connues en occident et que leur sort soit mis aux oubliettes.

D'après notre interlocuteur la guerre civile qui fait rage dans le pays oppose chaque confession religieuse et Al Quaida ainsi que l'Iran et la Syrie qui fournissent les moyens aux terroristes pour arriver à leur fin. Chaque Irakien souhaite vivre heureux et en paix. Depuis la fin de Sadam la liberté de penser et de se déplacer s'est nettement améliorée mais il reste encore beaucoup à faire pour que tout le monde vive en paix comme c'est le cas au Kurdistan. Le Kurdistan est la première destination touristique des Irakiens, ils vont là bas pour se reposer, se ressourcer et échapper aux conflits.

Pendant cet entretien un capitaine passa, nous posa encore les mêmes questions et s'éclipsa. Nous devions encore attendre des ordres venant de plus haut. C'était effrayant d'attendre à cet endroit qui était une cible rêvée pour les terroristes, mais Omar nous assura que la zone était sans risque. Puis il reçu un nouveau appel et nous annonça qu'il fallait que l'on se rende au quartier général, car certaines personnes souhaitaient nous rencontrer, nous étions donc vraiment célèbres :).

Pour note sécurité nous avons fait le trajet vers les quartiers généraux dans un Hummer blindé au milieu d'un convoi. Le Hummer est un engin monstrueux, large comme un camion, blindé au plus haut point. Les vitres blindées portaient justement encore les traces de nombreux impacts de balles ce qui ne nous rassurait pas forcement. Un militaire était debout à coté de nous, dans la tourelle, et pointait une énorme mitraillette vers toute cible potentielle (voiture, mur, habitation, buisson...). Il commençait à être tard et le couvre feu allait démarrer, les quelques voitures qui étaient sur la route était toutes considérées comme suspectes et le chauffeur à l'aide d'un pointeur laser leur faisait signe de s'arrêter, éteindre les phares, allumer la lumière intérieure et sortir les mains par les fenêtres.

Nous ne savions pas vraiment où nous allions, nous roulions depuis bien 15 mins lorsque nous fîmes un stop dans une base. Finalement le but de cette manœuvre était destiné à faire le plein d'essence. Puis nous reprîmes la route et là tout était désert, et Yann avait une énorme envie de pisser ce qui n'arrangeait pas la situation. Personne dans aucune rue, toutes les lumières étaient éteintes, la ville était morte, nous en profitions pour rouler à une allure très loin de la vitesse autorisée sur les grands boulevards de la ville. Le lieutenant nous expliqua que le couvre feu interdisait à quiconque de sortir sauf urgence. Nous avons pu ainsi découvrir la ville de Mossoul de nuit avec des guides non conventionnels.

Cette ville est en guerre, il y avait des miradors à tous les coins de rue, des chekpoints tous les 300 mètres avec des militaires équipés d'artilleries lourdes, de tanks... Les seuls véhicules que nous croisions étaient des véhicules militaires irakiens ou américains toujours en convoi et très armés. Le pilote semblait être un peu perdu, nous ne savions pas ce qu'ils cherchaient et où ils nous emmenaient. Ils étaient obligés de demander leur chemin, puis d'un coup nous sommes entrés dans un quartier ultra protégé, où les résidences étaient très cossues et le Hummer fit une halte devant une grande barrière. Sur la porte le drapeau turc, c'était le consulat général de Turquie, nous comprîmes que ce n'était pas le bon bâtiment et pensions automatiquement et peut être bêtement qu'ils cherchaient le consulat de France. Si c'était le cas nous n'aurions pas droit à un interrogatoire musclé.

Plus nous avancions plus le nombre d'obstacles sur la route augmentait (chenille de tank, murs blindés, trous...), et au bout de quelques minutes nous arrivâmes au point de chute. Une grande grille était érigée devant nous, le nombre de barrages était incroyables, ce devait être un lieu très important.

Le lieutenant nous quitta et entra. Il ne revint qu'au bout d'une bonne heure. Il était avec quelqu'un et la discussion était plutôt houleuse. Il vint nous voir et nous demanda si nous avions peur et qu'il ne fallait pas s'inquiéter, que tout allait bien. Nous nous sentions en sécurité et nous avions de très bons contacts avec tout le monde, donc pas de soucis. Deux hommes nous prirent par la main et nous rejoignirent les bureaux. Nous étions dans la base du commandement et on nous fit entrer dans le bureau d'un général. Après quelques échanges cordiaux nous nous installâmes et on nous servi le thé, nous refusâmes poliment de diner mais Yann couru pisser dans les toilettes personnelles du général. Les deux heures qui suivirent furent plutôt tranquilles, dès que notre thé était fini un sous-officier venait nous resservir, les conversations tournaient autour de notre voyage, nous aurions pu faire la même chose dans un café avec une bonne bouteille d'alcool, mais à pays différent, mœurs différentes :).

Les gradés n'arrêtaient pas d'entrer et nous avons fini à 12 dans le bureau. Puis un homme en civil entra accompagné de son assistant, il nous posa beaucoup de questions, il était facile de deviner qu'il faisait parti des services secrets. Puis une engueulade commença entre cet homme et le plus haut gradé de la salle, cela nous concernait, et bien que toute la discussion soit en Arabe nous avons compris que les services secrets voulaient nous garder et que l'armée refusait catégoriquement car nous étions cleans et qu'ils avaient peur de représailles de la France. Après un coup fil à sa hiérarchie, l'homme des services secret donna son accord. Tout était enfin fini, nous étions libres et nous reprîmes nos discussions. Vers 1h30 nous quittâmes le quartier général pour aller dormir dans un camp militaire. Il était trop dangereux pour nous de reprendre la route tout de suite.

Arrivés au camp nous apprîmes que nous ne pouvions pas dormir chez nos nouveaux amis. Par contre nous répondîmes encore à des questions et bouclâmes enfin le dossier de l'Intelligence Service, signâmes une lettre stipulant que tout s'était très bien passé avec empruntes digitales sur le papier et photo lorsque nous avons signé. Nous avons fait quelques photos de face, de profil et avec notre passeport. Puis ils nous ont raccompagné à la voiture en nous donnant les dernières instructions pour revenir vers la bonne route. Le coin avait été vérifié et nous ne courions normalement aucun risque. Il y a des chances qu'il soit trop dangereux de faire dormir des civils dans un camp militaire.

Avant de partir nous échangeâmes nos emails, et firent d'autres photos avec Omar et la voiture, cette fois avec le sourire.

Il n'y avait aucune lumière sur la route, des chiens enragés fonçait sur la voiture, nous étions un peu stressés et fatigués de cette soirée. La ville au nord la plus proche était à 80km, nous avions peur de nous faire canarder par les militaires Kurdes que nous savions être sur leurs buttes avec des kalachnikovs pointées sur nous. A la première aire de routiers nous avons stoppé et nous sommes endormis. Tout c'était bien passé finalement, mais Alexis aurait une surprise le lendemain. En effet pendant que nos sacs étaient dans le Hummer, quelqu'un de malhonnête vola une partie de sa cagnotte et quelques effets personnels.

Cette aventure aura été une sacré expérience, nous avons rencontré des personnes qui vivent des événements que nous ne pouvons même pas imaginer en tant qu'Européens nés dans les années 80, même dans nos cauchemars les plus fous. La plupart des militaires avaient entre 25 et 28 ans, nos ages en somme, bien que le contact ait été rapide et très chaleureux nous savions pertinemment que nous vivions dans deux mondes totalement différents. Nous avons encore une fois appris que les médias ne véhiculent pas toute l'information, nous avons découvert de nouvelles façons de voir la vie, et nous avons pu apercevoir quelle pouvait être la vie des habitants dans une ville comme Mossoul.

Pour ce qui est du vol, nous préférons l'oublier et ne garder que le reste, qui fut très positif. Il est difficile de se mettre à leur place. Dans le camp nous avons vu que les soldats vivaient dans des abris de misère, entassés les uns sur les autres, dans des conditions déplorables. Nous savons aussi qu'ils vivent l'enfer tous les jours et que leur vie est en danger et surement pour une paie de misère. Cela ne les excuse pas, cependant les circonstances peuvent être des éléments atténuants.

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commentaires

Y
<br /> Effectivement il y a beaucoup de censure et nous ne pourrons rien publier avant notre départ. Mais je pense qu'il faut aussi voir le pays pour ses bons cotés (les gens, la richesse culturelle, les<br /> paysages, son histoire...), il n'y a pas que la communauté internationale qui ne supporte pas les actions de l'Etat iranien, la plupart des personnes ici sont du même avis. Il vaut mieux venir voir<br /> de ses propres yeux, sans le filtre médiatique... et se faire sa propre idée.<br /> <br /> <br />
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W
<br /> L'Iran ça doit être chouette mais bizarrement je ne me vois pas aller dans une agence de voyages demander un circuit d'1 semaine en Iran .... pour les photos du Moyen Orient, j'pense qu'on attendra<br /> que vous y soyez loin, on a bien vu avec Clothilde Reiss que les iraniens n'aiment pas trop les photos publiées sur le Net !! (ptite actu : elle a été libéré auj après 10 mois d'emprisonnement) ...<br /> Allez bonne route !<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Non, on n'a pas pu.<br /> Par contre les militaires ont fait des photos avec nous à la fin et doivent nous les envoyer par email.<br /> S'ils le font on les publiera.<br /> En ce qui concerne l'Iran, c'est hyper safe, no problem, je conseillerai à tout le monde de venir en vacances ici.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Quelle aventure qui heureusement finit bien ! Avez vous une photo du hummer et de la soldatesque ? Heureux que vous soyez sortis de l'Irak. Reste plus que l'Iran et le Pakistan!!!!<br /> Bonne continuation et bravo pour vos écrits passionnants.<br /> <br /> <br />
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