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  • : 3 sacrés numéros
  • : Nous avons decide de realiser un tour du monde sans avion. La premiere partie est en cours, nous devons rejoindre l'Australie en moins d'un an. Bonne lecture.
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Nombre de pays traversés : 23

Nombre de kilomètres parcourus : 42 500

Nombre de fois malade : Yann 1 - 1 Alexis

Fil Rouge...

Yann :
Alexis :
14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 14:52

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Il était 18h00 quand nous avons dû nous arrêter devant le checkpoint. 3 militaires dangereusement armés nous ont encerclé et nous ont posé une multitude de questions, sauf qu'ils ne parlaient qu'Arabe. Ils appelèrent donc un de leur responsable et 10 mins après 3 Hummers arrivèrent et débarquèrent une quinzaine de nouveaux militaires des forces spéciales, dont un lieutenant responsable du groupe et qui parlait Anglais. Ça sentait plutôt mauvais tout ça, mais nous le prenions bien et restions bien sages.

Un petit interrogatoire commença, nous leur expliquâmes que nous nous étions trompés de route. Le lieutenant nous annonça que plus loin c'était la guerre et que c'était trop dangereux pour des étrangers, pas de problème pour nous, nous ne voulions pas d'ennuis et encore moins risquer notre vie, donc nous écoutâmes attentivement la nouvelle route qu'il nous proposait. Ses hommes contrôlèrent quand même notre appareil photo, notre pc et le GPS, puis l'ambiance se détendit et, très curieux, ils nous posèrent pleins de questions sur la France et sur notre voyage, de notre coté nous étions très intéressés par leurs équipements et par leur vie qui était à l'opposé de la nôtre.

Après ce checking de routine si l'on peut dire, nos nouveaux compagnons décidèrent de nous ramener vers le Kurdistan en convoi et l'un d'entre eux nous accompagna dans la voiture. Notre petite 205 se retrouvait donc entourée de deux Hummers armés de tourelles, un peu comme dans un film des Charlots A notre départ ceux-ci avaient même rigolé en intimant l'ordre à Alexis de mettre sa ceinture de sécurité, tout allait très bien, ça serait une bonne expérience à raconter, mais nous ne nous doutions pas à ce moment là de ce qui allait arriver par la suite.

Dans la voiture, Abbas le militaire qui nous accompagnait était en train de nous donner son numéro de téléphone pour que l'on puisse l'appeler si nous avions un problème au Kurdistan lorsqu'il reçu un message radio et nous affirma que nous devions nous arrêter et qu'il fallait mieux qu'il déchire le papier en attendant car la situation avait changé. Encadrés par les deux Hummers nous fîmes demi tour et retournâmes vers le checkpoint. On nous demanda de descendre du véhicule, de bien fermer toutes les portes et de les rejoindre dans un box pour attendre les nouveaux ordres. Omar le lieutenant responsable de l'équipe resta avec nous et nous entamâmes une grande conversation sur l'Irak en attendant les ordres de ses supérieurs.

Nous avons découvert beaucoup de choses que les médias en Europe ne relatent pas. Il y a par exemple des attentats en permanence à Mossoul qui font certains mois 500 victimes, dernièrement une bombe a explosé dans une mosquée. Les premières victimes sont les militaires irakiens et les civils. Notre interlocuteur avait par exemple déjà été blessé deux fois, dont une fois au visage par un éclat de grenade. Les Irakiens trouvent triste que seules les victimes américaines soient connues en occident et que leur sort soit mis aux oubliettes.

D'après notre interlocuteur la guerre civile qui fait rage dans le pays oppose chaque confession religieuse et Al Quaida ainsi que l'Iran et la Syrie qui fournissent les moyens aux terroristes pour arriver à leur fin. Chaque Irakien souhaite vivre heureux et en paix. Depuis la fin de Sadam la liberté de penser et de se déplacer s'est nettement améliorée mais il reste encore beaucoup à faire pour que tout le monde vive en paix comme c'est le cas au Kurdistan. Le Kurdistan est la première destination touristique des Irakiens, ils vont là bas pour se reposer, se ressourcer et échapper aux conflits.

Pendant cet entretien un capitaine passa, nous posa encore les mêmes questions et s'éclipsa. Nous devions encore attendre des ordres venant de plus haut. C'était effrayant d'attendre à cet endroit qui était une cible rêvée pour les terroristes, mais Omar nous assura que la zone était sans risque. Puis il reçu un nouveau appel et nous annonça qu'il fallait que l'on se rende au quartier général, car certaines personnes souhaitaient nous rencontrer, nous étions donc vraiment célèbres :).

Pour note sécurité nous avons fait le trajet vers les quartiers généraux dans un Hummer blindé au milieu d'un convoi. Le Hummer est un engin monstrueux, large comme un camion, blindé au plus haut point. Les vitres blindées portaient justement encore les traces de nombreux impacts de balles ce qui ne nous rassurait pas forcement. Un militaire était debout à coté de nous, dans la tourelle, et pointait une énorme mitraillette vers toute cible potentielle (voiture, mur, habitation, buisson...). Il commençait à être tard et le couvre feu allait démarrer, les quelques voitures qui étaient sur la route était toutes considérées comme suspectes et le chauffeur à l'aide d'un pointeur laser leur faisait signe de s'arrêter, éteindre les phares, allumer la lumière intérieure et sortir les mains par les fenêtres.

Nous ne savions pas vraiment où nous allions, nous roulions depuis bien 15 mins lorsque nous fîmes un stop dans une base. Finalement le but de cette manœuvre était destiné à faire le plein d'essence. Puis nous reprîmes la route et là tout était désert, et Yann avait une énorme envie de pisser ce qui n'arrangeait pas la situation. Personne dans aucune rue, toutes les lumières étaient éteintes, la ville était morte, nous en profitions pour rouler à une allure très loin de la vitesse autorisée sur les grands boulevards de la ville. Le lieutenant nous expliqua que le couvre feu interdisait à quiconque de sortir sauf urgence. Nous avons pu ainsi découvrir la ville de Mossoul de nuit avec des guides non conventionnels.

Cette ville est en guerre, il y avait des miradors à tous les coins de rue, des chekpoints tous les 300 mètres avec des militaires équipés d'artilleries lourdes, de tanks... Les seuls véhicules que nous croisions étaient des véhicules militaires irakiens ou américains toujours en convoi et très armés. Le pilote semblait être un peu perdu, nous ne savions pas ce qu'ils cherchaient et où ils nous emmenaient. Ils étaient obligés de demander leur chemin, puis d'un coup nous sommes entrés dans un quartier ultra protégé, où les résidences étaient très cossues et le Hummer fit une halte devant une grande barrière. Sur la porte le drapeau turc, c'était le consulat général de Turquie, nous comprîmes que ce n'était pas le bon bâtiment et pensions automatiquement et peut être bêtement qu'ils cherchaient le consulat de France. Si c'était le cas nous n'aurions pas droit à un interrogatoire musclé.

Plus nous avancions plus le nombre d'obstacles sur la route augmentait (chenille de tank, murs blindés, trous...), et au bout de quelques minutes nous arrivâmes au point de chute. Une grande grille était érigée devant nous, le nombre de barrages était incroyables, ce devait être un lieu très important.

Le lieutenant nous quitta et entra. Il ne revint qu'au bout d'une bonne heure. Il était avec quelqu'un et la discussion était plutôt houleuse. Il vint nous voir et nous demanda si nous avions peur et qu'il ne fallait pas s'inquiéter, que tout allait bien. Nous nous sentions en sécurité et nous avions de très bons contacts avec tout le monde, donc pas de soucis. Deux hommes nous prirent par la main et nous rejoignirent les bureaux. Nous étions dans la base du commandement et on nous fit entrer dans le bureau d'un général. Après quelques échanges cordiaux nous nous installâmes et on nous servi le thé, nous refusâmes poliment de diner mais Yann couru pisser dans les toilettes personnelles du général. Les deux heures qui suivirent furent plutôt tranquilles, dès que notre thé était fini un sous-officier venait nous resservir, les conversations tournaient autour de notre voyage, nous aurions pu faire la même chose dans un café avec une bonne bouteille d'alcool, mais à pays différent, mœurs différentes :).

Les gradés n'arrêtaient pas d'entrer et nous avons fini à 12 dans le bureau. Puis un homme en civil entra accompagné de son assistant, il nous posa beaucoup de questions, il était facile de deviner qu'il faisait parti des services secrets. Puis une engueulade commença entre cet homme et le plus haut gradé de la salle, cela nous concernait, et bien que toute la discussion soit en Arabe nous avons compris que les services secrets voulaient nous garder et que l'armée refusait catégoriquement car nous étions cleans et qu'ils avaient peur de représailles de la France. Après un coup fil à sa hiérarchie, l'homme des services secret donna son accord. Tout était enfin fini, nous étions libres et nous reprîmes nos discussions. Vers 1h30 nous quittâmes le quartier général pour aller dormir dans un camp militaire. Il était trop dangereux pour nous de reprendre la route tout de suite.

Arrivés au camp nous apprîmes que nous ne pouvions pas dormir chez nos nouveaux amis. Par contre nous répondîmes encore à des questions et bouclâmes enfin le dossier de l'Intelligence Service, signâmes une lettre stipulant que tout s'était très bien passé avec empruntes digitales sur le papier et photo lorsque nous avons signé. Nous avons fait quelques photos de face, de profil et avec notre passeport. Puis ils nous ont raccompagné à la voiture en nous donnant les dernières instructions pour revenir vers la bonne route. Le coin avait été vérifié et nous ne courions normalement aucun risque. Il y a des chances qu'il soit trop dangereux de faire dormir des civils dans un camp militaire.

Avant de partir nous échangeâmes nos emails, et firent d'autres photos avec Omar et la voiture, cette fois avec le sourire.

Il n'y avait aucune lumière sur la route, des chiens enragés fonçait sur la voiture, nous étions un peu stressés et fatigués de cette soirée. La ville au nord la plus proche était à 80km, nous avions peur de nous faire canarder par les militaires Kurdes que nous savions être sur leurs buttes avec des kalachnikovs pointées sur nous. A la première aire de routiers nous avons stoppé et nous sommes endormis. Tout c'était bien passé finalement, mais Alexis aurait une surprise le lendemain. En effet pendant que nos sacs étaient dans le Hummer, quelqu'un de malhonnête vola une partie de sa cagnotte et quelques effets personnels.

Cette aventure aura été une sacré expérience, nous avons rencontré des personnes qui vivent des événements que nous ne pouvons même pas imaginer en tant qu'Européens nés dans les années 80, même dans nos cauchemars les plus fous. La plupart des militaires avaient entre 25 et 28 ans, nos ages en somme, bien que le contact ait été rapide et très chaleureux nous savions pertinemment que nous vivions dans deux mondes totalement différents. Nous avons encore une fois appris que les médias ne véhiculent pas toute l'information, nous avons découvert de nouvelles façons de voir la vie, et nous avons pu apercevoir quelle pouvait être la vie des habitants dans une ville comme Mossoul.

Pour ce qui est du vol, nous préférons l'oublier et ne garder que le reste, qui fut très positif. Il est difficile de se mettre à leur place. Dans le camp nous avons vu que les soldats vivaient dans des abris de misère, entassés les uns sur les autres, dans des conditions déplorables. Nous savons aussi qu'ils vivent l'enfer tous les jours et que leur vie est en danger et surement pour une paie de misère. Cela ne les excuse pas, cependant les circonstances peuvent être des éléments atténuants.

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 17:02

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Trois pays, bagarre au couteau, visite guidée de Mossoul by night.

8h00 à l'horloge digitale du décodeur de la télévision, c'était l'heure de se lever pour être les premiers à la frontière turque et pouvoir ensuite espérer être à temps à la frontière irakienne. Si nous avions su ce qui nous attendait et le temps que durerait cette journée nous aurions peut-être choisi de faire la grasse matinée.

Le poste frontière était très sommaire et la plupart des voyageurs étaient des marchands qui transitaient des objets très hétéroclites dans des brouettes ou sur des planches équipées de roues vers la ville truque. Le passage ne se faisait pas que dans un sens, certains biens turcs devaient être mois onéreux et inversement. Cela dit, il faut être très courageux, masochiste ou vraiment dans le besoin pour choisir de faire ce trajet tous les jours car comme d'habitude dans un poste frontière syrien les panneaux sont en option, il faut faire confiance à son instinct pour trouver les différents bureaux et s'armer de patience pour supporter les files d'attentes qui n'en finissent pas.

45 mins après notre arrivée, heureux d'en avoir fini avec les démarches et très confiants en nous (nous avions réussi à trouver le bureau délivrant les papiers de sortie, le sujet aurait pu intéresser Spielberg pour son prochain Indiana Jones tant le lieu était caché), nous nous présentâmes aux grilles de sortie pour passer en Turquie. Le garde commença à s'énerver lorsqu'Alexis montra son passeport, un de ses collègues qui parlait Anglais vint et nous expliqua que le coup de tampon manquait... retour à la case départ. Une heure après notre arrivée nous sommes enfin entrés du coté turc. Chez les voisins le processus fut à peu près le même mais en beaucoup plus rapide et nous avons enfin pu rentrer dans le pays. Petit bémol, Alexis avec sa tête de Molah passa sans problème par contre le douanier demanda à Yann une seconde pièce d'identité, sa nouvelle tête est-elle donc si différente de la photo de son passeport ?

La route qui mène à la frontière irakienne longe depuis Nuzaybin à Silopi la frontière syrienne. Le dispositif de sécurité est hallucinant, barbelés, miradors tous les 500 mètres, mines... par contre rien du coté syrien, on voit qui a peur de l'autre. Nous recroisions aussi de nombreuses stations essence proposant des prix exorbitants et ventant le GPL. A cause du prix de l'essence la plupart des voitures turques sont équipées d'un moteur tournant au GPL. Nous croisions aussi de nouveau tous ces camions dont le derrière était recouvert d'un grand « Masallah » (Allah est grand), pour un pays se définissant comme très laïc il est intéressant de voir le contraste entre l'État et la population qui voue quand même une grande importance à la religion.

La route était cernée entre le Tigre et des montagnes enneigées dont les cimes étaient recouvertes d'une couche de nuages qui faisaient penser à des blancs d'œufs montés en neige et qui descendaient petit à petit pour s'accrocher sur les flancs. La journée s'annonçait finalement plutôt sympa.

Nous concrétisâmes notre entrée au Kurdistan turc par le passage d'un point de contrôle armé ce qui est extrêmement rare en Turquie. Les machines automatiques et les sacs de sable ont fait monter la tension. De l'autre coté du barrage une ville, Sipoli, dont la rue principale était encombrée de camions citernes archaïques, des remorques couvertes de vieux fioul séché avaient été abandonnées le long de la route.

Nous continuions tranquillement et sortions de la ville, lorsque d'un coup nous sommes tombés sur une file de camion immense, peut être 5 kilomètres de bouchon. Nous étions donc à la frontière, la file des voitures était comme d'habitude vide et nous avons pu avancer très rapidement jusqu'à l'entrée.

A votre avis, est ce que qu'une 205 sur des routes de campagne va plus vite que la fibre optique ? La réponse est oui, car à la frontière turque nous n'étions pas encore enregistrés dans le système informatique et avons du attendre une bonne heure que la situation soit rétablie. Avant d'aller plus loin nous devons vous expliquer comment se passe un passage en douane en Turquie. Tout d'abord les visiteurs doivent faire valider leurs visas/passeports dans un bureau ou un box accessible par voiture. Cela crée donc une première file d'attente. Puis les voitures passent dans un corridor pour rejoindre un second box où les visas des véhicules sont checkés. Tout cela se passe dans un pays dont la rigueur des habitants est à l'extrême opposée des Allemands ou des Anglais, ce qui fait que même si les voitures attendent dans une file, les hommes sortent et créent une seconde file devant le box qui ne respecte plus, bien sûr, l'ordre des véhicules.

Donc revenons à l'attente devant le box, chaque conducteur arrivait donc en courant et essayait de passer son passeport/carnet de passage en douane en premier. L'attroupement était de plus en plus grand, puis un des conducteurs obtint son visa et demanda aux autres d'avancer leurs véhicules pour qu'il puisse passer, il était dans la 3ème voiture de la file... Personne ne voulut déplacer son véhicule et les voix s'élevèrent de plus en plus jusqu'à ce qu'ils commencent à en venir aux mains. L'un deux trébucha et se fit rouer de coup de pieds avant que les autres ne repoussent les assaillants. La violence était extrême, les hommes s'étaient transformés en bêtes et un mâle dominant devait être choisi. L'homme au sol couru vers sa voiture et revint armé d'un petit couteau pour blesser l'autre assaillant. Les spectateurs qui ne manquaient pas de courage les séparèrent encore une fois. Tout semblait revenir au calme, les autres hommes présents avaient réussi à bloquer le plus nerveux dans sa voiture. Nous nous demandions pourquoi la police ne faisait rien, les douanes sont remplies de flics armés qui doivent surement être là pour faire respecter l'ordre. L'une des voitures avança et le conducteur revint pour s'expliquer encore une fois avec l'homme qui possédait un couteau. Puis l'engueulade repris et le chauffeur couru vers sa voiture qu'il avait garé un peu loin. Yann pensa que celui-ci était allé chercher une arme car il fouillait dans son coffre, et en imaginant qu'il s'agissait peut être d'une arme à feu décida de s'éloigner de l'attroupement. L'objet qu'il ramena en courant était un long couteau de la taille d'une dague. Les autres hommes réussirent encore une fois à le maitriser et finalement tout le monde reparti sans rien dire. Un peu abasourdis par la scène qui venait de se dérouler sous nos yeux nous retournâmes vers le box avec les autres pour attendre nos visas.

Puis un homme emmena Yann et le fit entrer dans un aquarium dont la fumée avait remplacé l'eau et qui servait de bureau au responsable des douanes. Après quelques picotements aux yeux il pu enfin voir un petit homme tranquillement installé dans son fauteuil avec une clope encore allumée dans un cendrier et une bouilloire fumante à ses cotés, surement responsables de l'atmosphère répugnante du bureau. C'est assez choquant au début de voir qu'il est encore permis de fumer dans les bureaux dans tous les pays du Moyen-Orient, où la cigarette est toujours très à la mode chez les hommes. En tout cas celui-ci était fort sympathique et il débloqua la situation en refaisant saisir le visa d'entrée du véhicule.

10 mins après nous prenions la route pour l'Irak. Un seul mot suffit à définir la poste frontière kurde : énorme, tout simplement une ville. Tout d'abord l'arrêt au centre des passeports après le pont qui passe au dessus du Tigre. Le centre des passeports était une immense salle, dont les demandeurs pouvaient tranquillement s'assoir sur de gros fauteuils en similicuir et où des serveurs passaient offrir du thé pour que l'attente soit plus agréable. Les bagarreurs étaient tous là en train de siroter du thé, bien sages, les uns à coté des autres en attendant leur visa, leurs élans de fiertés remis au placard.

Alexis eu sont visa très rapidement par contre celui de Yann posa problème car il est le propriétaire de la voiture et un visa supplémentaire doit être apposé. Le douanier garda donc le passeport et nous conseilla d'aller aux customs pour régler le problème d'import du véhicule dans le pays. Nous reprîmes la voiture pour rejoindre la destination indiquée qui était peut être à 2 kilomètres de là. Un premier bureau nous refoula et nous indiqua le lieu qui convenait pour faire cette demande. Pendant que Yann attendait de se faire servir Alexis rencontra un Irakien vivant au Pays-Bas qui lui expliqua que nous devions demander un visa de transit car dans le cas contraire nous serions obligés de changer nos plaques et repasser par ce poste frontière pour quitter le pays. Cette rencontre nous aida beaucoup mais rien n'était gagné.

Parce que notre cas était non conventionnel, un employé nous emmena dans le bureau du responsable des douanes, chose dont nous commencions à avoir l'habitude. Comme son homologue  Turc, celui-ci était tranquillement vautré dans son fauteuil, la télévision allumée et quelques personnes assises dans les fauteuils lui faisaient la discussion. Il prit deux secondes pour étudier notre cas et donna des recommandations à l'employé qui nous avait présenté.

Une fois les préconisations données, notre guide emmena Yann dans un des bureaux des customs, il fallait enlever ses chaussures avant d'entrer et l'ambiance à l'intérieur était très comique. La son de la télévision aurait réveillé un sourd et la plupart des employés étaient en train de savourer des glaces à la vanille, les pieds sur leurs bureaux, le métier de rêve en quelque sorte. L'attente ne fut pas trop longue et nous partîmes ensuite à la recherche du responsable mécanique puis retournâmes vers la voiture. Alexis avait fait quelques rencontres, un véritable attroupement s'était formé autour de la voiture et chacun voulait connaître notre histoire, le parcours etc... Le mécano vérifia l'état de la voiture et donna son accord pour la faire entrer. Comme par magie le passeport de Yann réapparu et nous reprîmes la route après un petit encas pris dans la cafétéria du centre des douanes, de l'énergie qui nous servirait par la suite.

Nous roulions maintenant au Kurdistan, de partout des terres cultivées, du blé, de l'orge et au loin une somptueuse chaîne de montagnes. Comme celles-ci nous entouraient de tous les cotés, nous avions un peu l'impression de voyager au centre du cratère d'un immense volcan éteint, la plaine fertile du cratère ayant été utilisée au mieux pour les cultures. Le ciel devenait menaçant, un orage approchait, venant de l'ouest comme la fumée d'un grand feu qui aurait été allumé en Syrie, la lumière était parfaite. La nature devenait une maitresse de l'impressionnisme grâce à la lumière si particulière que pouvait créer les nuages noirs et qui tachetait le paysage.

Nous devions continuer encore un peu d'après le GPS et, avant Mossoul, tourner vers la gauche pour aller vers l'Est, vers Erbil. Le Kurdistan se termine pas très loin de là, ensuite c'est l'Irak et la ville de Mossoul, une des villes les plus dangereuses de la planète. Nous roulions donc tranquillement en observant à droite un magnifique lac bordé de montagnes misent sublimement en valeur par la lumière du jour qui se terminait, de l'autre coté les camps militaires kurdes se suivaient et étaient tous tournés vers la route et vers la région d'Al Jazeira, quand tout d'un coup nous sommes arrivés à un checkpoint. Encore un ! Nous nous sommes dits, comme au Liban, ils ne sont là que pour se montrer. Les militaires nous laissèrent passer mais ils étaient différents, leurs tenues ressemblaient plus à celles des Américains et un Hummer avec une tourelle était stationné. Nous nous sommes dis que ça devait être encore le Kurdistan car ni notre plaque française ni nos passeports français n'avaient posé de problèmes. Il faut effectivement un visa spécial pour se rendre en Irak lorsque l'on est un étranger. Puis nous avons passé un second passage sans non plus aucun problème. Le GPS nous indiquait qu'il fallait encore rouler un kilomètre ou deux pour rejoindre la route d'Erbil. Au troisième checkpoint les ennuis ont commencé...

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 16:45

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Désert, frontière fermée et guestapo.

Nous avons quitté notre oasis pour reprendre la route du désert vers le nord. Par rapport à la route qui a précédé notre arrivée, celle-ci traversait un paysage encore plus lunaire, pas une montagne ou une colline à l'horizon, rien qu'une plaine, de sable et de roche. Bien sûr les hommes du génie ont fait au plus simple et les courbes pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Par moment nous passions à coté de villages fait d'habitations plates, et dont les matériaux des murs se limitaient à des pierres, du sable et à la boue séchée.

Puis d'un coup la verdure a repris sa place, nous approchions de la vallée de l'Euphrate. Nous rencontrions donc de nouveau celui que nous avions pu observer dans la région du Mt Nemrut. Une ville s'était construite sur les rives du fleuve, Dayr Az Zawr. Nous avons donc choisi de profiter du paysage pour faire une halte et se restaurer. Quelques commerces le long de la rue proposaient de la restauration rapide. Nous avons vite fait sensation, dans cette ville très peu touristique. Enfin quand je dis nous, c'est plutôt la voiture qui a vu son fan club encore augmenter, nos interlocuteurs étaient tout simplement en admiration par rapport au chemin qu'elle avait déjà parcouru, mais nous avouaient quand même à demi-mots que Peugeot était une sacré marque.

Le responsable d'une pâtisserie, un homme jeune aux cheveux longs et une barbe d'une quinzaine de jours, nous offrit une part de gâteau pour nous faire gouter une des spécialités arabes. Yann le gourmand commanda ensuite d'autres types de gâteaux, Alexis sur la défensive ne comprenait pas pourquoi le vendeur remplissait à ras-bord l'assiette. Heureusement qu'il l'a fait, car c'était merveilleux à déguster et quasiment gratuit (moins de 50cts pour l'ensemble). Nous avons par contre refusé le thé qu'il nous offrait, nous commençons à avoir les dents tachées à force de boire du thé. Une question reviens très souvent lorsque nous rencontrons des gens en Syrie, ils veulent absolument savoir de quelle confession nous sommes, et être athée n'est pas bien compris. Ces rencontres n'ont pas manqué à la règle.

Il nous restait encore quelques kilomètres pour arriver à la frontière turque, encore une fois nous étions sur la route et le désert nous entourait. Par moment, il devenait vert, car l'homme à l'aide de l'Euphrate avait pu mettre en place des zones irrigables, puis la route quittait ces petits jardins d'Eden artificiels et nous replongions dans la sécheresse. Enfin nous sommes entrés dans le « Kurdistan » Syrien, une plaine fertile, à mi-chemin entre l'Euphrate et le Tigre, à la frontière turque et avons continué jusqu'à la ville frontière.

Au détour d'un rond point, pris très serré, nous avons aperçu le poste frontière. Nous avions une petite appréhension car dans le guide celle-ci fermait officiellement à 15h et il était 16h. Nous aurions dû écouter les conseils du livre car un douanier nous rembarra sèchement, et tout penauds nous reprîmes la route vers le centre de la ville.

L'architecture, l'ambiance dans les rues, les gens, l'atmosphère n'avaient rien à voir avec les villes Syriennes croisées durant notre séjour. Cette ville faisait plus penser par son architecture et peut-être aussi à cause de la couche de terre sur les routes, à une ville africaine. Aucune femme n'était voilée, et la concentration de passants au mètre carré sur les trottoirs étaient inimaginable.

Surement parce que cette ville accueille un nombre incroyable de réfugiés irakiens, les hôtels se suivaient en continu dans la rue principale. Alexis nous dégotta un hôtel de bonne qualité à un prix acceptable. Des escaliers menaient au premier étage, lieu où se trouvait la réception. Le propriétaire nous demanda nos passeports comme d'habitude mais se montra méfiant et nous posa de nombreuses questions sur la raison de notre voyage, d'où on venait et où on allait. Parce que celui-ci ne parlait pas très bien Anglais nous nous sommes un peu emmêlé les pinceaux. A première vue rien de grave mais une surprise nous attendrait par la suite.

L'animation dans les rues nous poussa à sortir, et ressentir la vie dans cette petite ville positionnée au milieu de nul part, mais à un très grand carrefour culturel. Nous devions aussi trouver un bureau de change pour récupérer encore quelques dollars.

Nous nous baladions dans le souk de la ville lorsque nous sommes tombés sur le bureau de change et avons enfin pu augmenter notre stock de dollars pour les prochaines destinations. Une fois cela fait nous sommes retournés à l'hôtel, avons vérifié avec le propriétaire si tout était ok avec nos passeports puis nous avons pris les escaliers et rejoint notre chambre. En entrant dans la chambre, il fut indéniable que nos sacs avaient été fouillés, par quelqu'un de très peu professionnel. Le sac de Yann par exemple était à l'envers et les rangements maniaques d'Alexis avaient été chamboulés. 5 secondes nous ont permis de vérifier que rien n'avait été volé. Notre visiteur était donc venu pour autre chose, peut être pour confirmer notre identité ou juste par curiosité. Le vieux de l'accueil fit semblant de ne pas comprendre lorsque nous sommes descendus faire un scandale. Le jeune qui aidait dans les étages nous a juré ne pas être responsable et nous a confirmé que le seul double était en la possession du type de l'accueil. Il a même fait un bisou à Alexis pour lui prouver sa bonne foi. Alexis a demandé nos passeports et nous avons quitté l'hôtel pour en rejoindre un autre dans la rue d'à coté. Curieusement cela nous a été favorable, le nouvel hôtel nous a tout de suite fait un prix sur la chambre qui de plus était plus grande que celle que nous venions de quitter.

Le soir nous avons un peu lutté pour trouver un restaurant et avons fini dans un Kebab, où le nombre de mouches surpassait très largement le nombre de clients. Mais nous étions heureux d'être dans cette ville qui était à l'extrême opposé de celle que nous avions quitté le matin.

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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 17:53

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Nous étions quelque part dans Damas sur la route en direction de La Palmyre lorsque le voyant de la réserve s'est allumé. Nous savions que c'était mauvais signe car les problèmes de démarrage étaient liés aux dépôts au fond du réservoir qui passent dans le moteur lorsque celui-ci est presque vide. Une longue quête débuta, pas une station service à l'horizon, nous devions absolument trouver quelques litres de benzine au plus vite. Plus nous roulions, plus nos chances d'en trouver une s'estompaient. Après une demi-heure, fatigués de guetter tout ce qui pouvait ressembler à des pompes, pleins de sueur à cause du stress et de la chaleur et prêts à abandonner, nous avons enfin aperçu au loin notre salvatrice. Ce n'était pas un mirage, nous étions encore en ville, et avons dépensé toutes nos livres syriennes pour abreuver notre monstre.

Remis de toutes ces émotions, l'engin a démarré au quart de tour et nous avons filé sur le bitume dans un grondement de moteur digne d'une F1, sur la route de Bagdad. Une fois sortie de la ville, nous avons longé des no man's lands et des zone industrielles dignes des soviétiques, la poussière voltigeait devant nous dès qu'un camion nous précédait, puis plus rien... nous étions entrés dans le désert. A la manière de Raoul Duke et de son avocat véreux mais sans les substances hallucinogènes nous foncions dans le désert en laissant un nuage de poussière derrière nous. Nous avions comme seuls compagnons, les poteaux électriques qui longeaient la route et qui semblaient aller dans la même direction que nous. A notre gauche une chaîne de montagne, vide de toute végétation, nous dominant hautainement et à notre droite la plaine qui s'étendait jusqu'à l'horizon, jusqu'à l'Irak. A certains moments, une usine de ciment apparaissait, souvent reconnaissables de loin aux nuages de poussière et de fumée qui les entouraient. Mais après quelques kilomètres, les poteaux électriques ont abandonné, la radio a arrête de capter et nous avons continué seuls, avec en face de nous et dans le rétroviseur une route droite, solitaire, allant jusqu'à l'horizon et paraissant être sans fin.

Le paysage était très similaire à celui de l'ouest américain, l'asphalte blanc et les lignes jaunes qui délimitaient la route sortaient tout droit d'un road movie, et pour couronner le tout, divers « Bagdad Cafés » s'étaient installés, surement un clin d'œil au film éponyme dédié à la route 66. Dans le pays de Laurence d'Arabie, nous trouvions finalement une autre référence cinématographique.

La solitude, l'absence de tout obstacle, la ligne droite et l'envie d'un vent rafraichissant nous poussait à de plus en plus appuyer sur la pédale de l'accélérateur et ainsi atteindre des vitesses folles, grisantes, excitantes, cette route avait été construite par le malin, pour que l'être humain apprécie son entrée dans ce monde brulant, dans cet enfer naturel. Bien heureusement notre amie 205 ne pût nous offrir ce plaisir, et tranquillement nous continuâmes notre chemin. Puis nous avons commencé à croiser des bédouins, avec des moutons ou conduisant des camions. Quelques tentes étaient dispersées non loin de la route et par moment une femme en djellaba sortait pour prendre l'air ou pour réaliser quelques tâches domestiques. Nous étions donc proche de notre destination.

Au passage d'un col nous avons enfin vu l'oasis qui nous attendait, ce n'était pas un mirage, les palmiers et les différents arbres étaient bien réels. Après avoir traversé les ruines, sur la voie royale entourée de colonnes et de temples, nous sommes entrés dans la ville «moderne».

Il y avait beaucoup plus de chambres dans la ville que de touristes, les commerçants étaient en guerre, des alliances et des clans s'étaient formés pour optimiser l'utilisation du touriste, leurs outils de guerre étant le charme, des fantassins à peine pubères et polyglottes, et des stratégies d'offensive très élaborées. Nous n'avons pas manqué à cela et en avons profité pour négocier fortement le prix de notre logement.

La Palmyre est une ville au milieu de nul part vivant majoritairement du tourisme que lui procure les ruines romaines dispersées tout autour de la cité. Une balade à pied dans la ville en dehors des lieux touristiques permet de découvrir autre chose. Les bédouins se sont modernisés, et il n'est pas rare de croiser des motos affrétées comme des chameaux avec des scelles faites de tapis. Puis au détour d'une rue vous restez scotchés car en face de vous se dessine une montagne, qui ressemble plus à un volcan avec à son sommet une ancienne forteresse. La couleur de la citadelle étant ocre/sable comme la montagne, elle semble avoir été taillée directement dans la roche, une icône statufiée ou un château de sable oublié par un gamin géant. Le contraste entre les sables des flancs et la dureté des parois de l'édifice est difficile à expliquer, nous pourrions presque imaginer que la forteresse glissera vers le bas dans quelques années à cause de son poids et de ses fondations faites de sable.

Yann ou Alexis, nous ne savons plus et cela n'a que peu d'importance, a eu la brillante idée de partir chercher quelques bières dans une des échoppes de la rue principale. Nous avions besoin d'accompagnatrices pour apprécier le coucher de soleil au sommet du mont de la citadelle. Nous savions pertinemment que ces dernières gorgées de ce liquide amer et pétillant seraient les dernières avant bien longtemps. Comme deux étrangers, perdus dans un lieu qui les dépasse, nous nous sommes retrouvés entourés de couples en goguette, de personnes âgées en voyage organisé et de divers marchands d'artisanat local bédouin. Avec nos bières et nos accoutrements de baroudeurs de l'extrême nous faisions tâche dans cette carte postale du tourisme de masse. Alexis, souhaita quand même s'intégrer et adopta une attitude, plus que réussie, de touriste moyen, de bof mais sans le bob.

Quelques heures plus tard, assis à table, Alexis aux toilettes, le restaurateur nous ramena un de nos confrères voyageurs, de nationalité belge, et très sympathique au demeurant. Le plat typique de la gastronomie bédouine nous fut servi très rapidement. Yann se précipita pour soulever la cloche, et nous découvrîmes du riz safrané et du poulet aux cacahouètes. Rien de transcendant, encore des féculents, l'allergie au gluten n'est plus très loin.

La Palmyre a été la destination la moins intéressante de notre voyage en Syrie. La ville ne vit que du tourisme et le fait assez rapidement ressentir aux voyageurs qui ont le courage de s'arrêter. Les enfants, même très jeunes, travaillent sur les lieux touristiques en essayant de vendre des cartes postales ou des petits colliers, et leurs parents tels des chefs aigris les traitent comme des moins que rien. Les bédouins se sont transformés en pastiches et ne garde leurs statuts que pour mieux attirer les touristes. Le lieu n'a plus d'âme, il y a eu un vrai fossé entre la vieille cité de la Palmyre et la nouvelle station touristique qui s'est construite après la découverte de l'ancienne. Si vous aimez les ruines romaines le lieu n'est à ne pas manquer, mais s'il vous plaît partez vite après votre visite, et retournez dans une ville où les gens vivent normalement, et ont d'autres intérêts que le tourisme.

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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 17:27

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Pour un jour de repos nous nous sommes réveillés bien tôt. Comme d'habitude le petit déjeuner syrien était composé d'olives, de pain, de confitures, d'œufs et exceptionnellement de falafels. Après cette prise d'énergie nous avons vaqué à nos activités respectives.

  

Que dire de cette journée ? Pas grand chose, beaucoup de travail pour le blog, un peu de recherche pour l'Irak et l'Iran et beaucoup de repos.

 

Le soir par contre nous sommes sortis dans le quartier chrétien de la vieille ville. Après avoir déambulé dans plusieurs petites ruelles du souk nous avons commencé à voir quelques croix, puis beaucoup plus. Il est amusant de voir la différence qu'il y a entre le quartier musulman voisin et le quartier chrétien. Les filles se trimbalent en mini jupes ou mini shorts, les hommes sirotent des bières, et de nombreux bars se suivent dans la rue principale. On sent aussi que les passants sont plus riches ou en tout cas le montre plus.

  

L'occasion pour de nous de boire quelques verres en nous mêlant à la foule, composée bien malgré nous, d'un trop grand nombre de français.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 13:12

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Encore une mosquée, mais quelle mosquée ! Thés et Chichas.

Nous voilà enfin posés pour quelques jours, il est toujours très plaisant d'arrêter de courir, s'arrêter pour prendre son temps et apprécier un peu mieux les moments plus simples.

L'hôtel où nous résidons est bon marché mais a été installé dans une sorte d'ancien palais avec une cour intérieure arborée et dont les murs sont recouverts de fresques. Il n'y a rien de plus agréable que de s'assoir dans un fauteuil, à l'ombre d'un palmier ou d'une pergola re couverte de verdure et de bougainvilliers et de lire ou d'écrire un peu. Un havre de paix au regard des rues qui l'entourent remplies de gens courant dans tous les sens, marchandant des babioles dans des petites échoppes ou fumant des narghilés en terrasse en buvant un chaï (thé).

Damas n'a cependant que très peu de points communs avec Alep. Cette ville pourrait être considérée comme le New-York du moyen orient si nous prenions Alep pour référence. La cité est très moderne et la vielle ville, entièrement restaurée, garde un peu de cachet mais ne peut rivaliser avec celle d'Alep et son ambiance incomparable.

Nous avons quand même pris la peine de visiter la vielle ville, son Souk, sa Mosquée (la toute première grande mosquée construite au Moyen Orient) et le palais.

La mosquée Umayyad est effectivement la première grande mosquée de l'Islam, la cour intérieure est ornée de nombreuses mosaïques faites majoritairement de carreaux or ou vert. A l'intérieur de la mosquée repose Saladin un des plus grand adversaires des croisés. Étant donné qu'il est interdit d'entrer dans une mosquée découvert les femmes doivent porter une sorte de Djelaba avec une capuche et les hommes comme Alexis qui était en short doivent porter une longue jupe, n'hésitez pas à aller voir les photos, c'est plutôt stylé :-).

Après la visite de la grande mosquée nous avons traversé le souk pour rejoindre le palais d'Azem. Ce palais est coincé au milieu des ruelles du souk. Loin d'être aussi grandiose que les palais des sultans, il permet tout de même d'appréhender un peu mieux le type de vie que pouvait avoir les notables au 18eme siècle.

Le reste de la journée a été dédié au repos, il est tellement dur de ne rien faire :-). Puis nous avons passé la soirée avec deux baroudeuses, une Irlandaise et une Portugaise qui ont à elles deux quasiment visité le monde entier.

Après la soirée nous sommes allés sur Internet et avons constaté que la censure est encore plus présente dans ce pays. Bizarrement, cela ne nous choque plus.



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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 11:42

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Plage, plage, plage.

Après une petite visite de la corniche de Beyrouth nous avons pris la route vers le sud pour rejoindre Tyre. Tyre est située dans le bastion du Hezzbolla à dix kilomètres de la frontière palestinienne. Ce qui met tout de suite dans l'ambiance est la taille des barrages routiers, où les soldats sont assistés par des blindés légers et même des tanks. Puis la zone passe sous le contrôle de l'Unifil, c'est à dire l'ONU et ses casques bleus (13 000 soldats de l'Unifil sont postés dans la région). A vrai dire c'est quand même très étrange de rouler derrière un blindé blanc de l'ONU avec un militaire qui pointe une mitrailleuse lourde vers votre véhicule.

Une fois entré dans Tyre ce sont les véhicules des ONG qui sont de partout. La plupart des ONG sont en charge du déminage et du désamorçage des bombes de la région. L'ambiance était donnée, mais bizarrement une fois à pieds dans les rues de la ville ou sur la plage, le calme régnait et aucune tension/pression n'était remarquable.

Nous avons mangé du poisson grillé dans une petite crique à deux pas des ruines de l'ancienne Tyre. En face de nous, à l'horizon nous voyions la Palestine, et nous ne pouvions que penser à notre confort sachant que là bas des gens meurent de faim ou à cause des conditions d'hygiènes déplorables.

Quelques personnes en Syrie et au Liban nous ont parlé de la question d'Israël. Les deux pays ne peuvent pas supporter Israël mais les raisons sont différentes en fonction de la religion de celui qui nous les expose. En Syrie et majoritairement les musulmans, Israël occupe militairement une terre qui appartient aux Palestiniens, ils ne comprennent pas que les puissances occidentales laissent faire cela alors que celles-ci ont toujours luttés contre ce type d'oppression. Au Liban les catholiques sont aussi contre Israël, d'une part car ils voient mieux la misère que vivent les Palestiniens car ceux-ci migrent dans leur pays et aussi parce qu'Israël attaque assez régulièrement le Liban, la dernière fois en 2006, ils avaient détruits les infrastructures majeures du pays. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde, certaines minorités catholiques aisés étaient plutôt satisfaites que le sud soit attaqué et souhaitaient être « débarrassés » des musulmans. La guerre de 2006 a aussi été vécu différemment par les habitants en fonction de leur lieu de résidence, la vie dans le sud était monstrueuse alors qu'à Beyrouth toute la population avait migré vers les montagnes et la vie était très festive dans ces lieux de villégiature.

A coté de cela la Syrie joue un rôle étrange, au début de la guerre civile au Liban celle-ci a aidé les Phalangiste et donc les chrétiens à lutter contre les musulmans/palestiniens pour éviter que ceux-ci entre sur le territoire syrien. Puis elle a changé de coté et avec l'Iran a directement créé une milice pour lutter contre Israël : Hezzbolla. Enfin, tout cela est trop compliqué pour être expliqué dans les quelques lignes de ce blog, je vais un peu mieux me documenter et peut-être que j'exposerais cela dans un article prochainement.

Revenons donc sur notre voyage, après le déjeuner nous avons repris la direction du nord pour aller au beach club Oceana situé à 10 mins au sud de Beyrouth. Un beach club, c 'est une boite de nuit de jour au bord de la mer où les derniers maillots de bain à la mode sont de rigueur. Malheureusement nous sommes arrivés à une heure de la fermeture et étions presque les seuls clients. En tout les cas le cadre est vraiment sympa pour faire la fête, ça sera donc pour une prochaine fois.

Vers 19h nous avons pris la route pour Damas, et avons passé la frontière pour une fois sans aucune histoire drôle à raconter.

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 11:41

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Micro rando, mariage druze, Beyrouth by night.

Ce jour, nous sommes allés retrouver des voyageurs inconditionnels qui ont décidé de traverser le Liban du nord jusqu'à la Palestine à pieds par les montagnes en marchant chaque jour pour une cause (www.walkofcauses.wordpress.com). Le point de rencontre était dans le Chouff, la réserve naturelle des vieux cèdres du pays. Les plages sont belles mais nous avons compris pourquoi la majorité des Libanais passait tout son temps libre dans les montagnes. Mais avant de parler de la nature revenons à la chose incroyable à laquelle nous avons assisté en début d'après-midi.

Après notre rencontre dans le café d'un petit village nous avons commencé à marcher le long de la route et quelle a été notre surprise de tomber sur un mariage druze, chose rarissime. La religion druze est une secte de l'Islam qui croie en la réincarnation. Ils sont peut être 500 000 sur terre et doivent se reproduire entre eux pour que leurs descendants soient également druze et donc éternels.

Nous avons été accueillis par les mariés et avons pu assister à la cérémonie d'arrivée du marié. Les générations se côtoient également dans ces sectes traditionalistes car seules les femmes âgées portaient le voile blanc alors que toute la jeunesse suivait la dernière mode.

Remis de nos émotions nous avons repris la route et avons fait une halte au milieu des cèdres pour siroter quelques bières et discuter voyages avec nos amis.

Le soir, un peu fatigués, nous avons déambulé dans le centre ville et avons observé la jeunesse dorée se précipiter vers les bars et clubs dans leurs voitures de sport.

Nous avons finalement dormi chez une amie de Vanessa en plein cœur du quartier arménien.

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 11:32

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De retour sur la côte, voyage au cœur du Beyrouth underground.

Cela faisait déjà quelques kilomètres que nous avions amorcé notre descente, les voitures folles nous dépassaient à des allures incroyables de tous les cotés, et le manque de visibilité n'était qu'un paramètre inconsidéré pour elles. Puis d'un coup la ville nous est apparue, immense, brumeuse, entourée d'eau. Beyrouth s'étend de la mer jusqu'aux montagnes, le ville est moderne et nouvellement reconstruite (son centre ville n'a ouvert qu'en 2004), la ville est chargée d'histoire mais à première vue elle paraît extrêmement récente, comme une mégalopole d'un pays émergeant. Ça c'est à première vue, du haut de notre montagne, une fois entré en son sein, notre vision des choses ne pouvait que changer. En effet, la ville n'est composé que d'un dédale de rue et outre le centre ville, les quartiers alentours ont gardé des traces de la guerre. Nombreux sont les bâtiments criblés de balles ou effondrés. La municipalité tente de les remplacer mais ceux-ci ont une âme et cela toucherait beaucoup de cœurs si ils venaient à disparaître en particulier l'ancien théâtre.

Nous nous sommes bien sûr perdu mais avons finalement retrouvé notre chemin et rejoint notre hôte, Vanessa.

Vanessa est étudiante en arts audiovisuels, et nous avons passé l'après midi à discuter et à travailler sur le scénario de son prochain court-métrage. Nous avons ainsi appris que le cinéma libanais était très riche mais que par manque de moyens, très peu de productions étaient directement financées par le pays. Comme tous ses amis elle devra donc quitter le pays pour pouvoir plus facilement travailler dans son domaine de prédilection.

Nous pensions avoir des activités très artificielles en venant à Beyrouth comme le clubbing ou la plage, Yann était même inquiet pour le cirage de ses chaussures. Finalement nous avons vu un autre visage de la ville, un visage plus underground, composé d'expositions d'arts quelque peu psychédéliques, de fêtes africaines, de culture gay et d'animaux dans les cirques :-). La jeunesse déborde d'énergie, de créativité, et connaître ses limites ne lui permet que de mieux les dépasser. Comme un pied de nez tout cela n'est que sublimé par la pression milito-policière que nous pouvons ressentir dans tout lieu et à tout moment dans le pays.

A coté de cela nous avons appris que dans un petit village du sud du pays un homme accusé de viol avait été lynché la veille de façon atroce par une centaine de villageois devant des forces de l'ordre dépassées par la situation ou tout simplement passives.

Ce pays est peut être le pays le plus complexe que j'ai eu l'occasion de visiter. Les différences culturelles, religieuses, d'éducation... sont extrêmes. Le pays est composé d'une multitude de groupes qui n'ont en commun que la nationalité. Il y a une soixantaine de sectes, au moins trois langues et autant de partis politiques aux idées très arrêtées.

Rouler sur les routes libanaises c'est quasiment changer de pays à l'entrée de chaque village. Par hasard nous avons visité le Liban pendant les élections municipales, des photos des candidats étaient placardées sur tous les espaces disponibles et suffisaient à nous faire prendre conscience de cette diversité. Dans le nord les candidats avaient tous la moustache et leur peau était pâle, dans le sud tous les candidats étaient en habit militaire et portaient fièrement une longue barbe. La guerre civile est terminée depuis presque 20 ans, mais il reste peut être encore beaucoup de tensions, chacun cherche son identité et une fois trouvée la défend corps et âme, je n'aimerais pas être celui qui tente d'unifier tout cela.

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 11:23

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Rencontre à la pension, petite escalade pour le 3ème numéro, welcome home Hezzbolla

Au petit déjeuner nous avons rencontré un couple qui avait bossé en Afghanistan dans une ONG qui conseille sur la sécurité des personnes. Nous en avons profité pour leur demander se qu'ils pensaient de notre voyage et de la route que nous allions emprunter. D'après eux le Pakistan ne serait pas le lieu de tous les dangers, ils nous ont même conseiller de monter au nord et de visiter la frontière avec le Cashmere car les paysages sont magnifiques. Voilà donc de bonnes nouvelles...

En quittant Tripoli et avant de s'enfoncer dans les terres nous avons fait une halte pour déjeuner à Byblos dont le port est mondialement célèbre. Cette ville comme Alep a été créée depuis plusieurs millénaires, les premières traces remontant à l'age de bronze. Le port et la vielle ville ont été totalement restaurés et il est très agréable de flâner dans ces petites ruelles et dans le souk qui peut quand même paraître un peu artificiel.

Pour rejoindre la Bekka Valley nous avons dû traverser la chaine de montagne du Mt Liban. Les quelques kilomètres notés dans le guide nous ont paru être une éternité. La première partie de l'ascension s'est faite dans un brouillard extrêmement opaque, nous ne devinions les précipices et voitures venant devant nous qu'au dernier moment, mais une fois arrivé à 2000 mètres, le spectacle qui s'est concrétisé sous nos yeux a été grandiose. C'était comme si nous venions de sortir du cratère encore chaud d'un volcan, nous nous extirpions doucement de la fumée pour rejoindre le ciel. Pour passer le col nous avons continué notre ascension jusqu'à 2600 mètres et avons du traverser des congères énormes de glaces que les services de la voirie avaient séparé pour qu'une voiture puisse passer. Il ne nous restait plus qu'à descende de 1500 mètres pour arriver dans la Bekka Valley, le territoire du Hezzbolla politique et de la culture du cannabis.

Nous devions nous arrêter à Baalbek pour la nuit, mais étant en avance nous avons continué vers Zahlé pour nous rapprocher de Beyrouth. Zahlé est la capitale du Arak, le pastis libanais, mais nous nous sommes limités à une bouteille d'eau, fini les excès !

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